Quelle est la fleur emblématique de la royauté française? Le lis? Erreur. C'est l'iris qui a connu cet honneur. Le lis n'est qu'un usurpateur. La légende attribue ce choix à Clovis. Pourchassé dans des marécages par les Wisigoths, ce dernier se serait caché derrière des touffes d'iris. Victorieux et reconnaissant, il aurait troqué les crapauds qui décoraient ses armoiries contre les iris des marais. Mais ce n'est que vers 1150 que les rois de France, pourtant d'esprit peu bucolique, en ornèrent officiellement leur blason. On n'en saura jamais vraiment la raison. Nos aïeux, pas très pointilleux sur les noms de fleurs (le naturaliste suédois Linné n'avait pas encore pointé le bout de son nez), appelaient «lis» toutes les plantes herbacées à grandes fleurs. De là, sans doute, la confusion entre ces deux plantes.
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Regardez les pétales d'un iris des jardins à la lumière frisante. Leur texture est changeante, scintillante, «irisée». C'est pourquoi les Grecs, qui croyaient que l'arc-en-ciel était l'écharpe de la déesse Iris, messagère entre les dieux et les hommes, ont donné à cette fleur le nom de la divinité. Autre analogie avec l'arc-en-ciel, l'iris a désigné assez tôt la membrane colorée et brillante de l'oeil, et l'irisation, la faculté de disperser la lumière en rayons colorés. De là, peut-être, le diaphragme à iris qu'utilisent les photographes pour moduler l'ouverture de leur objectif.

Depuis des millénaires, on rencontre l'iris autour du bassin méditerranéen, terre de ses origines. Stylisé sur de nombreux bas-reliefs dans l'Egypte ancienne. Gravé sur des bijoux et des objets de culte consacrés à Vénus, chez les Grecs et les Romains. Symbole de la pureté et de l'innocence de la Vierge Marie (en compagnie du lis, autre cause de confusion), chez les chrétiens. Au XVe siècle, les primitifs flamands, Hubert et Jan Van Eyck, Van der Weyden, Hugo Van der Goes... associent l'iris et le lis dans des bouquets stylisés et symboliques. Mais il faudra attendre les impressionnistes, notamment Monet, et Van Gogh pour voir la fleur bleu-mauve exploser sur les toiles. Le grand nombre de peintures et de gravures japonaises représentant l'iris témoigne aussi de son importance dans la culture nipponne: fête de l'Iris, nombreux parcs, poèmes et pièces de théâtre lui sont consacrés.
Les rhizomes dégagent un principe odorant essentiel, connu depuis l'Antiquité, pour la parfumerie.
Autrefois, certains rhizomes étaient utilisés pour blanchir et parfumer les lessives.
On se sert encore de l'iris jaune des marais dans la teinture des tissus.
En Italie, l'iris de Florence (emblème de la ville), cultivé industriellement depuis le XIIIe siècle, entre dans la fabrication des cosmétiques.
Fleur de la beauté, mais aussi de la santé, aux yeux de nos ancêtres, l'iris faisait figure de panacée, guérissant à peu près tout, même la rage!
Déjà, on donnait aux bébés un morceau de rhizome à mâchouiller pour qu'ils fassent leurs dents.
L'Express Styles
Sonia Laroze 1998